Nico Chona en interview « La guitare est devenue une évidence »

Nico Chona fait partie de cette jeune génération de musiciens français qu’on a plaisir à retrouver et à voir évoluer. Cinq ans après Old Western Star, il revient avec un nouvel album, Sometimes the Tears, réalisé avec le plus grand soin, porté par une palette sonore élargie et plus nuancée. Écriture, composition, production, enregistrement, il assume l’ensemble du processus, seul, en multi-instrumentiste et chanteur accompli.

Savoir bien s’entourer fait aussi partie de ses qualités. Le mixage et le mastering ont été confiés à Bill Mims et Gavin Lurssen, deux ingénieurs du son américains multi-récompensés, connus pour leur travail avec de nombreuses figures internationales. Après une résidence avec son nouveau quintet, Nico Chona s’apprête désormais à investir les scènes de France et d’ailleurs pour défendre ce nouvel opus et retrouver le public. Apprenez-en plus en lisant l’interview qu’il a bien voulu accorder à Blues Actu Radio.

🎙️ Nico Chona en interview avec Sylvie Déclas

Salut Sylvie, ça va super bien, merci. Un plaisir d’échanger à nouveau avec toi après pas mal d’années.
J’ai commencé la musique à l’âge de 3 ans, dans une famille de musiciens où la musique était partout, tout le temps. J’ai commencé par la batterie à cet âge. J’ai rapidement suivi des cours dans une petite école municipale et, quelques années plus tard, j’ai intégré l’école Dante Agostini de Lyon. Je suis sorti de cette école avec un premier prix à 21 ans.

En parallèle, mon père étant guitariste et organiste, j’ai rapidement voulu jouer d’un deuxième instrument. J’ai commencé la guitare à l’âge de 9 ou 10 ans environ. Je l’ai apprise seul, sur les disques de mon père, en repiquant à l’oreille des guitaristes comme Billy Gibbons, Eric Clapton avec John Mayall et Cream, ou encore Dickey Betts avec les Allman Brothers.

Je n’ai jamais vraiment privilégié la guitare ou la batterie, mais disons qu’on me connaît peut-être plus en tant que guitariste et chanteur, sur scène ou dans mon émission Tone Factory sur YouTube. J’ai toujours joué des deux dans mes groupes et dans d’autres projets. La guitare est juste devenue une évidence pour composer bien sûr, mais aussi pour chanter, ce que j’ai fait assez tôt, vers 14 ou 15 ans.

J’avais commencé à faire quelques vidéos pour le magasin de guitare dans lequel je travaillais, Aurel Musique à Bourgoin-Jallieu, quand j’ai rencontré Dimitri Lazardeux. Il avait lui aussi l’idée de produire des vidéos de qualité. Nous avons donc décidé de nous associer et de créer Tone Factory, afin de partager notre passion pour la musique et le beau matériel à travers des épisodes réguliers, diffusés chaque mardi et chaque samedi, un peu comme un rendez-vous, à la manière d’une émission de télévision.


« Je n’ai jamais arrêté d’écrire et de composer »


Non, je n’ai jamais arrêté d’écrire et de composer, au contraire, j’ai énormément enregistré de démos dans mon studio. Je n’ai juste pas voulu me précipiter pour refaire un album qui ressemblerait aux précédents. Je voulais qu’il sonne différent, j’attendais d’avoir vraiment quelque chose à dire, un son et des chansons aboutis.

Mais je tourne toujours autant, avec une soixantaine de dates à l’année environ, en clubs, festivals, etc. Tone Factory m’occupe énormément et me fait vivre en partie, c’est vrai, mais la musique occupe toujours la place numéro un dans ma vie.

Oui bien sûr, je l’espère en tout cas.

Nico Chona performing on stage with a guitar, wearing sunglasses and a blue jacket, while engaging with the audience.

Ce sont toujours des expériences très stimulantes, enrichissantes et fun aussi. Yarol Poupaud est vraiment quelqu’un avec qui j’aime être sur scène. Il met tout de suite à l’aise et j’adore son énergie.

Robben Ford, il n’y a pas de triche avec un musicien de ce calibre. Il a une musicalité et un langage bien à lui. C’est quelqu’un d’assez mystérieux, mais c’est exactement ce que j’ai aimé. On retrouve ça dans son jeu et dans son son. Nous avons aussi jammé entre deux prises dans le studio, c’était l’un des moments que j’ai préférés, il y avait une belle énergie.

La rencontre la plus marquante est sans doute celle avec Billy Gibbons, il y a deux ans. C’est en grande partie grâce à lui et à ZZ Top si je fais ce métier. Cette rencontre a eu lieu grâce à Ludo Egraz (Guitar Xtreme) et Yazid Manou, son agent presse français.

Ludo Egraz m’a demandé un jour : « Ça te dirait d’interviewer Billy Gibbons ? » Je n’en croyais pas mes oreilles. Quelques semaines après, on y était. C’était bizarrement très naturel. Au bout de quelques secondes, on a commencé à parler de voitures, il adore ça et moi aussi, alors ça a tout de suite désamorcé le truc. C’était une discussion passionnante, pleine d’humour de sa part et, évidemment, d’anecdotes incroyables. Le courant est vraiment bien passé et on s’est même échangé nos numéros de téléphone à la fin de l’interview pour continuer à discuter voitures et guitares en privé. C’est quelqu’un d’une immense gentillesse, pour qui j’ai un respect et une admiration sans faille.

« Nico Chona & The Freshtones » était le nom que j’avais donné à mon projet au début, avant même d’avoir recruté les musiciens. C’est désormais « Nico Chona » et j’ai de nouveaux musiciens qui m’accompagnent sur scène. Modern Delta était un side project, mais je continue à jouer ce répertoire en solo guitare-voix.


« J’ai toujours composé et écrit seul »


J’ai toujours composé et écrit seul toutes les chansons sur mes albums et EP précédents. Le choix est donc le même pour cette partie composition et développement sur ce nouvel album. Jouer seul de tous les instruments est aussi quelque chose que j’ai toujours fait pour mes démos. Mes proches, amis et famille m’ont poussé à le faire plus sérieusement et à en faire un album. Je cherchais justement de nouvelles sonorités et une nouvelle énergie par rapport à mes albums précédents, un son et une énergie que j’ai créés seul et qui m’ont plu. J’ai donc décidé d’aller au bout du projet, de jouer et d’enregistrer tous les instruments et les voix dans mon studio, sur mon magnétophone à bandes 16 pistes.

Les voix féminines dans les chœurs que l’on entend sur l’album sont chantées par ma tante Catherine Chona, Shona de son nom d’artiste, qui m’a fait le plaisir de venir chanter sur quelques chansons.

Oui, j’ai créé Bozeman Records pour être 100 % indépendant et libre, produire comme je le souhaite mes disques et mes tournées. J’ai créé le label avec Johanna Courtois, qui en est la présidente et qui a aussi travaillé sur la direction artistique de mon album.

Pour l’instant, le label n’accompagne pas d’autres artistes, mais à l’avenir j’aimerais beaucoup. Bozeman, c’est bien la ville du Montana. J’y ai séjourné quelques jours lors d’un voyage et j’ai adoré. Le Montana, le Wyoming et le Colorado. Ça m’a beaucoup inspiré pour l’album, j’y ai composé quelques titres, dont « Montana ».

Je m’inspire beaucoup de livres, de films. Parfois je raconte ma vie aussi, mais j’essaie plutôt de raconter la vie des autres. Des histoires d’amour, des aventures sans lendemain, de ces larmes d’une rupture douloureuse qui finissent par sécher d’elles-mêmes et qui nous rendent plus forts. J’ai aussi écrit une chanson pour mon grand-père, Georges, qui est parti il y a quelques années et qui me manque beaucoup. Je voulais lui rendre hommage et je me suis dit que ça parlerait peut-être à certains. Me dire que quelqu’un va se reconnaître dans l’histoire que je raconte, c’est ça qui me plaît.

Ces dernières années, j’écoute principalement du jazz et de la country. Bien sûr, toujours du blues et du rock, mais peut-être un peu moins. Cela a sans doute fait évoluer ma façon de jouer et de chanter. C’est difficile pour moi de m’en rendre compte, mais je travaille peut-être ma guitare un peu plus qu’avant, avec des sons plus fins en tête.

Pour l’instant non. J’écris directement en anglais, je ne pense pas mes textes et mes histoires en français. Ce serait moins naturel pour moi, mais peut-être qu’un jour je m’y essaierai.

Les ingénieurs du son avec qui j’ai eu la chance de travailler sur ce disque sont de grands noms qui ont réalisé des albums que j’adore. Ils ont eu une vision de ma musique que personne d’autre n’aurait eue. De par leur culture, leur façon de mixer est différente de ce qui se fait en France ou en Europe pour ces styles musicaux. C’est leur musique avant tout. Il n’y a pas eu besoin de leur expliquer ce que je voulais, ils ont compris mes titres immédiatement et leur ont donné une couleur et une énergie exactement comme je le souhaitais.


« On partage la même culture musicale »


Les musiciens que j’ai choisis pour m’accompagner sur scène viennent tous du blues, du rock et de la country. On partage la même culture musicale et ils ont tout de suite compris ma musique.
À la guitare, il y a Chris Loheac. Glenn Arzel est à la guitare, à la mandoline et à la pedal steel. À la batterie, Julien Bonidon. Aux percussions, Nasser Saidani. Et à la basse, Dan Nambotin.

C’est une très belle formation, je suis vraiment chanceux de les avoir avec moi sur la route. Et sur certaines dates, il y aura bien sûr quelques surprises, avec des invités.

Un homme assis sur des troncs d'arbre, jouant de la guitare, entouré de verdure et de lumière naturelle.

Exactement, et le New Morning est une salle que j’adore. J’y ai déjà joué deux fois, dont une avec ma précédente formation. Il y a une belle énergie.

C’est en cours, mais il y aura la France, la Belgique, l’Europe de l’Est et les États-Unis. Toutes les dates sont sur nicochona.com.

Oui, il y a des chansons des anciens albums dans la setlist, Catalin Crest, Screen Boy, Old Western Star, etc.

Merci et à très vite en live.

Pour en savoir plus, consultez son site officiel ou la chaine Tone Factory


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