A la une

Jack Bon « Le temps est court, il faut vivre l’instant »

Interview avec l'ancien leader de Ganafoul qui sort son nouvel album "Standing Rock"

C’est une légende qui a fait l’histoire du rock sur la région lyonnaise et au delà. Depuis les années Ganafoul, Jack Bon, en duo ou trio sait rebondir de rock en blues pour notre plus grand plaisir ! Il est venu cette saison dans le Blues Café Live nous parler de son nouvel album « Standing Rock », un retour aux sources qui porte très bien son nom !

Nous sommes très heureux de t’accueillir une nouvelle fois dans le Blues Café ! On t’identifie souvent comme le lyonnais de l’étape et pourtant tu es allé t’installer dans un coin perdu en Bourgogne … 

Oui, je suis parti de la grande ville et suis installé dans la campagne entre chèvres, moutons et vaches. J’avais besoin de calme pour apaiser mon côté sombre …

« Standing rock » est ton 4e album sous ton nom. Pourquoi ce titre ? 

L’idée m’est venue un jour où je regardais, à la télé, un reportage sur Standing Rock, un haut lieu de la résistance des indiens contre le saccage de leurs terres. Je me suis dit que c’était un bon titre d’album car c’est une cause qui me touche. L’album est un peu plus rentre-dedans que les autres, donc c’était le titre parfait.

Les trois précédents portaient le nom de « Slim Combo ». Dorénavant c’est le Jack Bon Trio. On a du mal à te suivre …

On s’est aperçu que beaucoup de gens n’arrivaient pas à prononcer le nom du groupe ! On s’est dit que Jack Bon Trio c’était plus simple à retenir. C’est un projet qu’on a commencé il y a 5 ans avec Christian Michel à la basse, Laurent Falso puis maintenant Rudy Rosselli à la batterie.

Tu n’as pas complètement quitté Lyon puisque cet album a été enregistré à la Croix-Rousse, ton quartier de cœur. Tu peux nous parler du studio ? 

C’est un studio minuscule qui s’appelle le 8 PM, tenu par Gérard « Gégé » Millet depuis plus de trente ans. Quand on rentre là-dedans, on a tous les albums enregistrés par les groupes lyonnais depuis pas mal d’années. J’ai souvent enregistré chez lui. Pour ce retour aux sources, on s’est dit qu’il fallait aller voir Gégé ! On voulait vraiment arriver à avoir sur disque le son qu’on avait sur scène. L’album a été enregistré live en studio, il y a très peu de re-recordings.

Alors pourquoi ne pas avoir fait un disque live en public ? 

C’est plus compliqué de faire un disque live, le groupe doit être au top lors de l’enregistrement. Quand on a des nouvelles chansons, il faut faire des maquettes, il y a tout un travail avant d’enregistrer en studio. 

L’album comprend 10 compositions originales et deux reprises, aucun morceau acoustique cette fois-ci, l’envie de muscler ce disque ?  

Oui, le groupe a une certaine énergie sur scène et beaucoup de gens nous disaient ne pas forcément retrouver cela dans les disques précédents qui étaient plus arrangés. Je me suis dit que, finalement, ce qui est le plus simple est souvent le plus efficace !

Il y a des invités sur cet album, tu peux nous en parler ? 

Il y a Luc Blackstone, un super bassiste qui a fait également les chœurs. J’ai également invité deux musiciens italiens, Jimi Barbiani et Lino Muoio, l’un est un maître de la slide guitar et l’autre de la mandoline. Je les ai rencontrés par l’intermédiaire de notre manager Isabelle qui fait tourner les groupes de ces musiciens italiens. 

De la mandoline sur un disque de rock, c’est assez original !

Oui, mais on a fait ça sur une balade, on ne l’aurait pas fait sur la version de Saturday night (rires).

Justement … « Saturday Night » de Ganafoul, pourquoi avoir voulu reprendre ce titre vieux de plus de 40 ans ? 

Je l’ai toujours joué sur scène avec différents groupes, je le joue à chaque concert. Avec le Jack Bon Trio, on le joue de façon différente, donc on voulait le proposer à nouveau sur disque avec cette nouvelle version.

Francis, Jack Bon, Cédric, They Call Me Rico

L’autre reprise est un morceau de Bob Dylan « Absolutely Sweet Marie », c’est une grande référence pour toi ? 

Je joue souvent des chansons de Dylan. J’aime faire des reprises parce que j’aime jouer des bonnes chansons. Pour un musicien, c’est un sacré exercice ! Pour cette reprise, j’ai été très inspiré aussi par deux versions dans la même veine rock’n’roll, celles des Flammin’ Groovies et de Jason and The Scorchers. Tout le monde peut interpréter à sa façon les chansons de Dylan …

Tu as aussi ce goût des mots et des mélodies qui peut te rapprocher de Bob Dylan non ? 

Oui j’aime bien les chansons. Par exemple, quand on écoute un groupe comme Status Quo, on entend toujours des belles chansons. Certaines sont très rock, d’autres mélodieuses, mais ce qui m’intéresse ce sont les chansons.  J’aime me raccrocher à un couplet, un refrain …

L’album s’ouvre sur un beau titre au nom évocateur « Long Big Fight », c’est autobiographique ? 

Oui, je suis issu des masses populaires et j’ai du me battre pour sortir de mon environnement et aspirer à mes rêves !

Quand on a derrière soi la carrière qui est la tienne, que l’on a côtoyé les plus grands noms du rock et du blues, c’est quoi encore ses rêves ?  

Le rêve c’est d’arriver encore à enregistrer des disques, de faire des chansons, de se produire en concert. Le temps est court, il faut vivre l’instant. C’est ce qu’on fait à chaque fois qu’on est sur scène et qu’on parvient à mener à bout un nouveau projet.

L’album comprend une belle chanson hommage à un ami disparu « Another Friend is Gone », qui était-ce ? 

C’est un titre que j’ai écrit en pensant à  mon ami Patrick. Il était notre road manager du temps de l’aventure Ganafoul. Il a tourné ensuite à travers le monde avec Nina Hagen, Téléphone ou encore Jean-Jacques Goldman. Il a malheureusement brûlé sa vie, il était à double facette comme beaucoup d’entre nous … Mais tous les jours partent des amis, la liste commence à se faire un peu longue. Quand je joue ce morceau, je pense aux moments passés avec certains d’entre eux.

Il est souvent question de sentiments sur ce disque, comme si tu te mettais à nu. On parle même d’amour avec « The day you left me », une très jolie balade. Tu es un rocker au grand cœur ? 

Comme dit Eddy Mitchell, « dans le rocker il y a aussi le mot cœur » (rires). Dans le blues, depuis toujours, c’est le sentiment, le feeling, qui est à la base de tout.

Qui est ce fantôme en haillon que tu as croisé un jour en rentrant chez toi, un fantôme sans nom et sans visage que tu évoques dans le morceau « It could be you, it could be me » ? 

Ce fantôme que personne ne regarde c’est le mendiant qu’on croise à chaque coin de rue. Ça pourrait être moi, mais ça pourrait être toi aussi. C’est une chanson qui appelle à la compassion, on doit voir plus loin que le bout de son nez voire de ses frontières …

C’est aussi une référence au débat sur les migrants ? 

Oui, j’ai même écrit une chanson sur ces gens qui quittent tout. J’espère un jour la faire sur disque. On ne quitte pas son pays et sa famille par plaisir. Mais je ne suis qu’un musicien, je suis là pour animer vos soirées et vous faire oublier vos soucis comme j’oublie les miens quand je joue de la guitare.

Réécoutez le podcast intégral 

 


En savoir plus sur Bluesactu.com

Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.

Laisser un commentaire

En savoir plus sur Bluesactu.com

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture