Un nouvel épisode de l’Instant Vinyle sur Status Quo !

Les débuts – Pictures of Matchsick Men

Méprisé par certains, qui trouvaient leur musique « trop simple », ils sont devenus aujourd’hui un groupe incontournable. Toujours en activité, tournant inlassablement depuis 1962, ils sont devenus une véritable institution.

Pour tenter de l’expliquer, retournons en 1968. Status Quo existe depuis 6 ans. Ils jouent alors des chansons psychédéliques et ont d’ailleurs obtenu 2 jolis succès, comme ce PICTURES OF MATCHSTICK MEN extrait de l’émission Top of the Pops en 1968 :

Mais les temps changent rapidement en ces fins des sixties, et la musique des Status Quo passe vite de mode. Malgré les difficultés, ils persévèrent, ils décident de serrer les dents et ils tournent sans relâche, cherchant tous les concerts leur permettant de gagner de quoi se nourrir. Ils traversent une période de vaches maigres : ils n’ont plus les moyens de se payer l’hôtel et dorment dans leur camionnette.

Le virage boogie rock

Bob Young, leur nouveau road manager, partage leurs galères et devient très proche d’eux. Il joue de l’harmonica, aime le blues. Il les rapproche de la musique de leurs racines. Si le groupe joue toujours en concert de la musique pop psychédélique qui avait fait leur succès, pendant les balances, naturellement, le groupe joue du rock. Et c’est ainsi que Status Quo enregistre en 1970 son premier 45 tours tourné vers le boogie rock : « Down the dustpipe » …

Status Quo tourne sans relâche. Leur maison de disques ne les soutient pas beaucoup. Néanmoins, les efforts du groupe se font sentir : leurs prestations live, pleines d’énergie et de sincérité, font parler d’eux et le bouche à oreille fait monter le single Down the dustpipe jusqu’à la 12^e place dans les charts. Ils enregistrent alors leur 3e album qui s’appelle Ma Kelly’s Greasy Spoon, le 1er octobre 1970. Un virage est pris : le groupe choisit une pochette mémorable et aux antipodes du psychédélisme.

On y voit « Ma Kelly », la « mère Kelly » (traduction du titre originel) ; la clope au bec, patronne d’une gargotte qui a réellement existé sur Finchley Road au nord-ouest de Londres. Une pochette noir et blanc, crue, presque crade, comme leur nouveau look : pour la séance photo de la pochette, le groupe s’est présenté avec leurs vêtements fatigués de tous les jours, pas rasé. Dans Ma Kelly, ils jouent du blues, du boogie rock, sincère et authentique.

Ecoutons-en un extrait :

Ce qui frappe aujourd’hui quand on écoute ces titres, c’est à quel point le groupe est carré, précis, ensemble. C’est le résultat des heures qu’ils passent à jouer inlassablement dans leur studio de répétition. Ils prennent un grand plaisir à jouer ces titres, et forgent leur son et la cohésion de leur groupe. Après leur 3e album Ma Kelly, les Quo enregistrent un autre single IN MY CHAIR. Un titre qui aurait été écrit en une après-midi, enregistré en deux prises et qui restera 14 semaines dans les charts

Le morceau qui deviendra culte pour tous les Quo Fans !

Francis Rossi, chanteur, guitariste et compositeur, connaissait un couple allemand : Gerd et Ulla. C’est devenu le titre d’une chanson, Gerdundula, qui occupe la face B de IN MY CHAIR. C’est un genre de gigue celtique qu’ils joueront sur scène toute leur carrière comme ici en 2004 …

Après Ma Kelly, SQ enregistre un 4^e album intitulé « Dog of two head », le 5 novembre 1971, où on ne trouve plus aucune trace de leur passé psychédélique. La page est définitivement tournée, une nouvelle ère s’annonce pour les Quo. Dog of two head ne comprend que des compositions et est définitivement tourné vers le rock et le blues, avec beaucoup de feeling.

Les heures passées en studio et sur scène ont construit une grande complicité dans le groupe. Ils éprouvent un véritable plaisir physique à jouer, et c’est communicatif : les personnes qui ont assisté à un concert du Quo ont vécu cette extraordinaire communion que le groupe parvient à instaurer. Et c’est sur des titres comme UMLEITUNG, qu’on écoute maintenant, que le groupe et ses fans pratiquent le fameux « headbanging » !

En 1972, Status Quo a signé avec une nouvelle maison de disques, Vertigo, et connait un grand succès avec leur nouveau 45T Paper Plane, et leur album Piledriver.

Les années Vertigo

Pye Records, la précédente maison de disques de Status Quo, cherche à surfer sur le succès que connaît alors Status Quo avec sa nouvelle maison de disques. Ils décident alors de publier l’album que nous écoutons aujourd’hui dans l’Instant Vinyle et qui s’appelle The Best Of Status Quo. Qu’on ne s’y trompe pas : ce n’est pas du tout une compilation de succès. C’est une sélection de chansons enregistrées en 1970 et 1971, années pendant lesquelles le Quo a enregistré 2 albums et des 45T. C’est d’ailleurs un album excellent qui aura aussi une belle carrière. 1970 et 1971 : c’est pendant ces 2 années que Status Quo se métamorphose et devient peu à peu le groupe mythique qui alignera plus tard 60 chansons dans les charts dont 20 titres dans le top ten.

Voici un autre extrait :

Status Quo est aujourd’hui une véritable institution. Les ventes mondiales de disques approcheraient les 120 millions d’exemplaires. Plusieurs albums numéro 1, des dizaines de disques d’or ou d’argent, ils ont même un album et un double album de platine. Rien qu’en France, le nombre d’albums vendus approche les 2 millions, avec onze albums disque d’or.

Pourtant, et c’est ce qui a fait leur force, ils n’ont jamais été des stars de la jet set. Ils sont toujours restés populaires, proche leur public, accessibles, humbles, acceptant volontiers une image de « prolétaires » du rock. Et c’est aussi ce qui a forgé leur respectabilité. Merci Status Quo !

Christian BIRAL