Slash : un album de blues explosif avec une pléiade d’invités

Quand Slash s'lâche et joue du blues !

Le légendaire guitariste et compositeur de Gun’s & Roses sort, ce 17 mai, son premier album solo entièrement dédié au blues. « Orgy of the Damned » est une plongée dans l’univers du blues revisité par le virtuose de la six-cordes. Blues Actu Radio a pu l’écouter en avant-première et on vous donne nos impressions titre par titre. Attention, spoiler alert !

L’annonce de cet album avait créé un véritable buzz il y a quelques mois et pour cause ! Slash a réuni une dream team d’invités prestigieux pour l’accompagner sur ce projet. Parmi eux, on retrouve des légendes telles que Brian Johnson d’AC/DC, Beth Hart, Chris Stapleton, Iggy Pop, Paul Rodgers, Gary Clark Jr., Billy F. Gibbons de ZZ Top, Chris Robinson des Black Crowes, Demi Lovato, Dorothy et Tash Neal.

L’album propose des reprises de classiques du blues revisités avec l’énergie et le talent inimitables de Slash. Amateur de blues cool et acoustique s’abstenir ! On est évidemment dans du gros son et une avalanche de guitares, d’ailleurs comment aurait-il pu en être autrement avec un tel casting ? Le premier extrait, « Killing Floor », avec Brian Johnson d’AC/DC au chant et Steven Tyler d’Aerosmith à l’harmonica avait déjà offert un avant-goût de l’énergie brute et de l’authenticité qui caractérisent l’ensemble de l’album.

Un fan de blues de longue date

Slash, lauréat de plusieurs Grammy Awards, a toujours été un fervent admirateur du blues. Avec « Orgy of the Damned », il rend hommage à ses racines musicales tout en insufflant une nouvelle vie à des classiques intemporels. L’album offre une palette éclectique de sonorités et d’émotions, allant de l’électrique et rugueux au plaintif et vibratoire, le tout enveloppé dans l’interprétation unique et passionnée de Slash.

Seul regret : il manque parfois ce petit pas de côté qu’il lui aurait permis d’amener les morceaux dans un univers inexploré. A part quelques exceptions, Slash reste très fidèle aux morceaux d’origine mais l’interprétation est remarquable et la présence des guests nous offre des collaborations inédites et inoubliables, notamment un duo mythique avec l’Iguane !

Une chose est sure : ce disque fera date dans l’histoire des guitar heroes qui s’essayent à l’album-concept autour du blues. Play blues, play loud, play heavy !

Notre avis, titre par titre

“The Pusher” feat. Chris Robinson (chant et harmonica) écrit par Wayne Hoyt Axton
- Une reprise du titre popularisé par Steppenwolf dans le film Easey Rider. Ecrit et composé par Hoyt Axton, acteur, chanteur et compositeur américain. Une belle entrée en matière, un son lourd et puissant et une superbe performance de Chris Robinson (The Black Crowes) qui soutient la guitare de Slash avec un harmonica très inspirée.
“Crossroad Blues” feat. Gary Clark Jr (chant, guitare rythmique et solo) écrit par Robert Leroy Johnson
- Un fantastique solo de Gary Clark Jr dans une version de plus de 5mn de ce standard de Robert Johnson qui démarre sur les chapeaux de roue. On a beau avec entendu plusieurs milliers de reprises de ce titre, on adhère à celle-ci à laquelle Clark apporte une vraie touche de modernité.
“Hoochie Coochie Man” feat. Billy F. Gibbons (chant, guitare rythmique et solo) écrit par Willie Dixon
- Encore un monument auquel il n’est pas simple de s’attaquer. La voix profonde de Billy Gibbons (ZZ Top) emporte le morceau malgré une instrumentation assez classique mais qui laisse toute la place à une belle battle de guitares.
“Oh Well” feat. Chris Stapleton (chant) écrit par Peter Alan Green
- Une chanson du groupe de rock britannique Fleetwood Mac, composée par Peter Green et sortie en 1969.Une interprétation « doigts dans la prise » malgré les quelques accords (trompeurs) de guitare acoustique en intro très fidèles au riff originel ! On en sort les cheveux ebouriffés (pour ceux qui en ont encore) mais ça l’fait !
“Key to the Highway” feat. Dorothy (chant) écrit par Charles Segar, William Broonzy
- Il manquait jusque-là des voix féminines après une avalanche de testostérone. C’est chose faite et de belle manière avec la voix puissante de Dorothy (que nous découvrons au passage) qui reprend avec inspiration le titre de Big Bill Broonzy. C’est carré, puissant et terriblement efficace.
“Awful Dream” feat. Iggy Pop (chant) écrit par Sam (Lightnin’) Hopkins, Clarence Lewis, C Morgan Robinson
- Un titre qui dénote du reste du disque et qui est certainement la plus belle surprise. C’est le seul qui ait été proposé par un invité à Slash. Iggy est arrivé en studio avec ce titre de Lightnin’ Hopkins qu’ils ont fait en toute simplicité, assis sur des tabourets, en mode jam, on en croirait presque que l’ingé son avait quitté la pièce pour prendre sa pause en laissant un micro allumé. Le son est nettement moins puissant que sur les autres titres ce qui offre une belle respiration. C’est beau, touchant, émouvant et sombre à la fois. Un duo historique !
“Born Under a Bad Sign” feat. Paul Rodgers (chant) écrit par William Bell et Booker T. Jones
- Une interprétation d’Albert King assez classique qui manque d’éclat. Même la voix – pourtant excellente de Paul Rodgers – semble un peu en retrait …
“Papa Was a Rolling Stone” feat. Demi Lovato (chant) écrit par Barrett Strong, Jesse Norman Whitfield
- La reprise de ce classique des Temptations de 1972 est nettement plus rock que la version originale mais on y retrouve bien son groove si caractéristique et le riff de basse qui s’étale sur l’intro. La voix de Demi Lovato est incroyable et on a droit à un solo virtuose très « Slashien » pour conclure le morceau de 7’52 de bonheur … L’un des best track de l’album.
“Killing Floor” feat. Brian Johnson (chant) écrit par Chester Burnett – Special guest Steven Tyler à l’harmonica.
- Cette reprise de Howlin’ Wolf était déjà connue puisque le label l’a sorti en premier single il y a 2 mois. Un choix étonnant d’ailleurs car c’est loin d’être le plus intéressant. On ne boudera pas notre plaisir à entendre Steven Tyler dans de belles parties d’harmonica.
“Living for the City” feat. Tash Neal (chant) écrit par Stevie Wonder. Special guest aux choeurs : Jenna Bell, Jessie Payo
- Encore peu connu en France, Tash Neal est le créateur du groupe The London Souls. L’alchimie lead / back vocals fonctionne à merveille et apporte quelques sonorités soul rafraichissantes à un album très majoritairement blues rock.
“Stormy Monday” feat. Beth Hart (chant) écrit par T-Bone Walker
- Un soft blues transcendé par la voix de Beth Hart qui rappelle quelques uns de ses grands duos avec Joe Bonamassa. Mais quel est son secret pour nous mettre systématiquement la chair de poule ? 7’58 mais on en redemande. Ne coupez pas le morceau avant la toute fin, les micros continuent de tourner et on entend Beth Hart s’étonner elle-même de l’incroyable prestation qu’elle vient d’effectuer …
“Metal Chestnut”écrit par Slash
- Un morceau instrumental et la seule composition pour conclure ce beau voyage. Le morceau est posé, presque planant, histoire de soulager un peu nos oreilles après cette avalanche de décibels… Le morceau se termine et on remet immédiatement l’album sur play et ça c’est plutôt bon signe !

Un guitariste de légende

Lauréat de plusieurs Grammy Awards, Slash est un guitariste célèbre dans le monde entier notamment pour avoir joué dans Guns N’ Roses et Velvet Revolver. Il a sorti cinq albums solo, et bientôt six avec ce « Orgy of the Damned ». Après avoir atteint les sommets des charts avec son premier album solo, « Slash » (2010), sur lequel on retrouve Ozzy Osbourne, Chris Cornell, Fergie, Myles Kennedy, Iggy Pop, Beth Hart et bien d’autres, il forme Slash Ft. Myles Kennedy & the Conspirators, avec qui il tourne à travers le monde et a sorti 4 albums studio depuis plus de 10 ans. Le dernier en date « 4 » (2022) a atteint la première place du Top Hard Rock aux USA. Au cours de sa carrière, Slash a vendu plus de 100 millions d’albums, a été intronisé au Rock And Roll Hall of Fame avec Guns N’ Roses en 2012 et a été nommé n°2 des « 10 meilleurs guitaristes électriques », derrière Jimi Hendrix.