Olivier Gotti « Le blues est une musique qui appartient à tout le monde »
Le bluesman français sort son premier album
Voici un jeune bluesman à la carrière fulgurante ! Repéré en 2011 dans les rues des festivals de blues où il jouait en parfait inconnu, Olivier Gotti se retrouve deux ans plus tard sur la grande scène du festival Jazz à Vienne où il ouvre – officiellement cette fois-ci – pour Carlos Santana. En quelques années la chance a souri à cette adepte de la lapsteel guitar. Un premier EP salué par la critique, une victoire au tremplin Blues-sur-Seine, une participation honorable à l’International Blues Challenge de Memphis où il a atteint la demi-finale … Il ne manquait plus que la réalisation d’un premier album pour que le tableau soit complet. C’est chose faite avec la sortie de « Little Boy Child ». Rencontre avec un globe-trotter du blues.
Olivier, on t’a découvert pour la première fois en 2011 dans les festivals de blues . Tu n’étais pas programmé mais tu es tout de même venu jouer dans la rue, seul avec ta guitare. Tu as eu un succès fou ! Aujourd’hui, seulement 4 ans après, tu fais les plus grandes scènes des festivals européens. Tu vis un grand rêve ?
C’est tout à fait ça ! Je travaillais au départ dans le secteur de la restauration. La musique m’a toujours bercé et j’ai eu un jour envie de tenter ma chance et de ne pas laisser passer l’opportunité de connaître ce fabuleux métier. J’ai commencé par la rue et, plutôt que de me contenter de jouer dans les rues de ma ville, j’ai décidé, en 2011, d’aller jouer dans les rues des grands festivals de blues. J’ai noté les principaux sur un bout de papier, j’ai pris mon camion et je suis parti !
Après la musique et la cuisine, tu as une troisième passion, les voyages … Tu as même fait ton tout premier concert à Nouméa !
Oui tout en fait en 2009 en Nouvelle-Calédonie où j’ai trouvé la première personne qui m’a fait confiance pour venir jouer dans son bar tous les vendredis. Il a eu du courage mais je ne le remercierai jamais assez…
Tu as fait d’autres nombreux voyages à travers le monde. Est-ce que ça a imprégné ta musique ?
Oui forcément. Je n’étais pas musicien professionnel à l’époque mais j’avais déjà le regard tourné vers la musique. Dès lors qu’on voyage, on découvre de nouvelles cultures et on s’intéresse naturellement aux différentes musiques du pays, aux instruments, aux origines … Tu prenais l’exemple de la Nouvelle-Calédonie, il y a par exemple là-bas des chants de gospel magnifiques, poignants dans lesquels on retrouve ce côté profond du blues et de la musique noire américaine. On le retrouve dans beaucoup d’autres civilisations.
Avec ces voyages tu t’es forgé un répertoire puisé dans le blues roots, proche de celui du delta, le plus rural qui soit …
Oui, c’est le plus rude et le plus simple. Simple car il permet à la personne qui le pratique de mettre ensuite ses émotions dans la musique. C’est ce qui me plait dans ce style. La suite d’accords est la même pour tous, mais après c’est à chacun de mettre dedans ce qu’il a envie de dire. C’est là où le blues prend toute son ampleur.
Ton blues a tout de même une certaine forme de modernité. Tu t’imprègnes d’artistes – Ben Harper pour ne citer que lui – qui ont su toucher un public plus large que les seuls amateurs de blues. Est-ce que cette approche te permet également d’ouvrir ton public, aux jeunes notamment ?
Oui mais ce n’est pas forcément le but. Le blues est la musique qui me plait le plus car j’aime transmettre des émotions quand je suis sur scène. Le fait de vouloir s’en éloigner, c’est tout simplement pour trouver son propre chemin. Il n’y a aucun intérêt, pour moi, de jouer du Robert Johnson à la note près. C’est une figure emblématique mais c’était un autre temps, un autre lieu, les instruments ont changé alors autant s’en servir pour tenter de recréer cette émotion et la faire sienne. Le blues vient du peuple noir mais aujourd’hui c’est une musique qui appartient à tout le monde. Lorsque j’ai joué à l’International Blues Challenge de Memphis, j’ai vu des groupes du monde entier jouer la même musique, tenter de transmettre la même émotion, avec leurs peines, leurs souffrances et ça marche de la même manière ! Le blues est universel et on se doit, par respect pour ses créateurs, de le jouer avec notre histoire comme eux l’ont fait avec la leur. On doit continuer à faire vivre le blues mais de manière différente.
Ton nouvel album « Little Boy Child » sort en ce début 2016. On a l’habitude de te voir jouer seul mais ce n’est pas toujours le cas sur ce disque ?
Non en effet. J’ai voulu profiter des opportunités que m’offrait l’expérience en studio pour faire des chœurs, des solos de guitare plus longs tout en gardant l’accompagnement en même temps et avoir le plaisir de jouer en groupe. Il y a donc une section rythmique basse / batterie sur quelques chansons.
Propos recueillis par Cédric VERNET et Francis RATEAU
Photos Live : Let’s Bo
>> Réécoutez le passage d’Olivier Gotti dans le Blues Café Live
Découvrez un extrait de « Little Boy Child » :
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