Blues will never die ?

Le blues va bien, merci pour lui !

Nous avons été récemment interviewés dans le cadre du documentaire « To Me That’s the Blues » de Thibaud Degraeuwe et, il faut l’avouer, un peu pris au dépourvu lorsque, en fin d’entretien, il nous a fallu répondre à la question « En quelques mots, si je vous dis Blues will never die, qu’est ce que ça vous inspire ? » … Bonne question mais tellement difficile d’y répondre sans tomber dans les réponses conventionnelles du type « Le Blues ne mourra jamais, le blues est immortel, etc etc ». On remercie le réalisateur de ne pas avoir conservé cette séquence dans la version finale de son (excellent) film…

C’est une rengaine de ces 20 dernières années, il faut garder le blues vivant ! Oui, certainement, mais le blues est-il menacé à ce point qu’il faille déployer toute cette énergie pour le sauver ? La scène blues est florissante, aux Etats-Unis, en Europe, en France où jamais la quantité (et la qualité) des groupes n’a été aussi élevée. Mais de quel blues parle-t-on ? Stéphane Koechlin dans son livre « Le blues : les musiciens du diable » regrette de ne pas voir poindre à l’horizon le nouveau Robert Johnson. Mais il omet de citer les artistes que l’histoire pourra élever au même rang que celui qui croisa le diable au fameux carrefour. Car c’est bien l’histoire qui crée le mythe et de nombreux artistes actuels pourrait bien prétendre à ce rang dans quelques dizaines d’années (on ne peut s’empêcher de penser à Eric Bibb en écrivant ces lignes …)

Attendre perpétuellement le nouveau Robert Johnson consiste à figer le blues, à l’empêcher d’évoluer, de muter. Robert Johnson a eu un impact dans l’histoire car il était le premier à être un Robert Johnson ! Le blues est une éponge, une musique née des vagues d’immigration successives, une musique qui a toujours évolué avec son temps. Muddy Waters avait fait un album électro, John Lee Hooker s’était acoquiné avec les californiens de Canned Heat, très en vogue à l’époque. C’est ainsi qu’il a toujours existé …

Le blues est vivant et bien vivant mais encore faut-il savoir le débusquer car il est partout … C’est un objet beaucoup plus difficile à cerner surtout lorsqu’il se cache derrière les sonorités rock des Black Keys, des riffs de Jack White, les rythmes envoûtant d’un Brog Gunnar Jansson ou tous les artistes qu’on aime à vous présenter sur ce blog … Tous se transmettent la torche du blues (Carrying on the torch of the blues comme le disait Popa Chubby) mais à chaque fois le feu évolue car chacun y apporte sa culture, son âme, sa différence. Mais l’héritage du blues lui est intact avec son histoire, son émotion, ses légendes, ses héros. Et chaque artiste qui prend la torche ajoute sa pierre à l’édifice, enrichit ce patrimoine de l’humanité, et continue, à la manière d’un cadavre exquis, d’en écrire l’histoire …

Alors, disons le franchement, le blues va bien, merci pour lui !

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