Fred Chapellier « C’est l’album pour lequel j’ai le plus travaillé »
Parmi les artistes de blues en France, Fred Chapellier fait partie de ceux qu’on ne présente plus … Après cinq albums – dont trois avec l’illustre Billy Price -, une tournée avec Jacques Dutronc et des concerts dans les plus grands festivals, il s’est imposé peu à peu comme l’un des artistes les plus prometteurs de sa génération.
Parle-nous un peu de ce nouvel album « Electric Fingers » …
Ce nouvel album est constitué de 70% de morceaux originaux que j’ai écrit seul ou avec quelques coups de main d’amis comme Neal Black. Il y a deux invités exceptionnels. Le 1er c’est Nico Wayne Toussaint qui joue sur deux titres. Le 2e est Vic Martin, un organiste anglais qui a joué avec Gary Moore. Il m’a fait l’honneur de venir enregistrer sur cet album puisqu’il y a un titre dédié à Gary Moore sur cet album.
C’est un album avec beaucoup plus d’arrangements, avec une voix plus posée, quelque part plus réfléchi …
C’est tout à fait vrai. C’est un album que j’ai vraiment pris le temps de faire. J’ai commencé à écrire les chansons bien avant la tournée avec Dutronc. Ça fait donc presque 3 ans. J’ai donc eu le temps d’y réfléchir, de tester des choses, de recommencer. J’ai fait beaucoup de sessions d’enregistrement et j’ai arrêté quand je pensais que je ne pouvais plus faire mieux. C’est certainement l’album pour lequel j’ai passé le plus de temps, pour lequel j’ai le plus travaillé.
Et le chant en français, très présent sur tes premiers albums, c’est quelque chose que tu as définitivement abandonné ?
Non, j’adore. J’adore l’écouter et j’adore chanter en français. Mais j’essaye de développer de plus en plus ma carrière à l’étranger. C’est difficile de chanter en français quand tu veux jouer aux Etats-Unis par exemple. Tu peux faire un titre en français, ça les fait marrer, ils aiment bien, mais pas plus (rires).
Tu as eu une expérience récente aux Etats-Unis avec ta participation à l’International Blues Challenge de Memphis. C’était une belle expérience ?
Super expérience ! Le concours c’est une chose, très agréable. Mais vraiment pour moi la récompense, c’est l’accueil du public américain. C’est là où j’étais vraiment très content d’être sur scène à Memphis. L’accueil était très chaleureux et c’est vraiment ce qui m’a plu là-bas.
Fred, il y a quelques mois sortait également l’album B.T.C Blues Revue « Live and more », avec Neal Black et Nico Wayne Toussaint, un album original puisque mi-live mi-studio …
Oui exactement. L’album contient 15 titres live et on a voulu pousser le bouchon un peu plus loin en écrivant pour l’occasion quelques titres originaux. Ça a donné naissance au CD n°2 de ce double album enregistré en studio.
Comment s’est passé l’enregistrement de cet album ? Chacun est venu avec ses idées ?
Tout a été enregistré live pour le 1er CD et à 80% live pour les titres de l’album studio. Quand on est parti sur cette idée d’album studio, on s’est dit que chacun allait écrire deux morceaux. Il se trouve que pour un des textes, j’ai fait appel à Neal puisqu’on a coécrit le texte de Saint on the Highway. Neal a participé aussi à l’écriture des titres avec Nico. Donc au final, ça a été vraiment un travail d’équipe. On a pris le temps de répéter comme un groupe avec les musiciens : Christophe, Vincent et Mike. Puis on a enregistré le live en deux soirs. Le 3e jour, on est resté sur place pour enregistrer l’album studio, au même endroit sur la même scène, mais sans public.
En effet, en écoutant le disque on sent cette cohésion mais plus que ça, on sent aussi une amitié …
Absolument, c’est d’abord un projet d’amis. C’est parce qu’on s’entend particulièrement bien qu’on a décidé de le faire. On savait qu’il n’y aurait pas de problème d’égocentrisme et que ce serait juste du plaisir.
Tu aimes décidément les collaborations … on t’a entendu récemment dans des sonorités inhabituelles sur l’album de Leadfoot Rivet puisque tu y joues du bouzouki ou de la mandoline. C’est des talents que tu nous avais bien cachés !
Oui, à tel point que je ne savais pas moi-même que j’étais capable de faire ça ! C’est Leadfoot qui s’est pointé à la maison avec une dizaine d’instruments différents qu’il voulait que j’essaye. Du coup, je me suis retrouvé à enregistrer sur cet album avec tout un tas d’instruments, il y avait même du sitar électrique ! C’était plutôt sympa.
On va maintenant conclure en citant trois noms, à toi de nous en parler … le premier : Roy Buchanan
S’il y en a un qui m’a le plus fortement inspiré, c’est lui ! J’ai fait un album hommage à Roy Buchanan. C’est là où j’ai retrouvé Billy Price qui est le chanteur de Roy Buchanan. On retrouve aussi Neal Black sur cet album. J’avais envie d’avoir des amis autour de moi.
Le 2e : Jacques Dutronc
C’était un grand bonheur de tourner avec Dutronc sur cette tournée 2010. Ce qui était fabuleux c’est qu’il m’a tout de suite fait confiance et m’a donné carte blanche. Je pouvais vraiment arranger les morceaux de façon assez rock car il voulait beaucoup de guitare. C’est un garçon charmant et ça a été une grande expérience. Aujourd’hui, je l’ai régulièrement au téléphone, il se repose de cette tournée marathon. On a commencé à écrire des chansons, je ne sais pas si ça verra le jour !
3e : Bill Deraime
On se connait depuis pas mal de temps avec Bill. Là, il est en train de préparer un nouvel album et il m’a demandé d’arranger un des titres et de jouer les guitares. Bill Deraime c’est vraiment celui en France qui m’a le plus inspiré quand j’ai essayé d’écrire en français. Pour moi, c’est le meilleur auteur de texte blues en français !
Propos recueillis le 7 juin 2012 par Cédric VERNET et Francis RATEAU
Fred Chapellier sur le net : http://www.fredchapellier.net
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